Ca y est... déjà 3 mois que je suis là...Trois mois ici, en Asie..
Malgré mes quelques voyages, mes escapades précédentes en Malaisie, je sens que je deviens
petit à petit...un vrai Malaisien. Déjà, mes collègues professionnels disent de moi que je suis
"Half French, Half Malaysian"..
Il faut dire, c'est vrai que j'aime ce pays, depuis bien des mois, je prépare ce projet d'implémentation
de notre entreprise dite "Low cost" ici en Asie.
Je ne suis pas surpris, à travers mes contacts, mes Asians's collègues, je suis arrivé ici à la demande de mon
mentor. J'ai une chance rare... il est mon boss
et mon ami. Les hasards de la vie industrielle peuvent vous
emmener loin... loin de ma Bretagne natale et bien plus loin par l'esprit.
Cependant, il est 22 heures... je suis à KLIA (Kuala Lumpur International Airport)... et je reste tiraillé.
Cet endroit...est un rêve, au delà d'un simple Airport, imaginez juste u ne forêt tropicale humide...sous une
verrière climatisée, les meilleurs shops pour les addicts du shoping, mes yeux ne savent plus où regarder..
Gucci, Chanel, Prada, Montblanc,
SK2, (la meilleur
e des marques de beauté Mesdames..made in Japon)..., etc.. etc..
Endroit, "the place to be" je dirais..., Awards du plus beau et du meilleur aéroport de la planète...,
je vous le dit..., ça le fait...c'est trop fort...et pourtant,... j'ai hâte.
Hâte de retrouver ma choupinette... trois mois déjà que je ne l'ai pas vu. Elle a bientôt 6 ans et j'arriverai juste
pour son anniversaire. Trois mois... où je me suis fondu dans cette population avec deux horloges dans la tête, décalées
de 7 heures.
90 jours où je prie que ma connexion internet marchera à 1 heure du matin..ici à Penang.. afin de faire notre visio
bihebdomadaire avec ma chipie qui rentre juste de l'école..., il n'est que 18 heures en France.
Garder le contact, se sentir coupable, voir le gris dans cette petite fenêtre Skype, derrière elle, qui contraste avec
la blondeur de ses cheveux. Toujours s'intéresser avec passion et attention à ses déboires d'école...
Recevoir par mail..en pdf... les quelques papiers à signer pour l'autoriser à partir en sortie scolaire, visiter St Malo
avec sa classe...
Je suis mal... très mal... le weekend end dernier... j'étais à Bornéo, escapade à deux avec celle qui fut ma compagne
pendant cinq années. Je me sens égoïste, tous mes rêves d'exotisme sont enfin réalisés. Forcément, le resort, Nexus Karambunai, dans lequel
nous sommes arrivés est un paradis. A la descente de l'avion, Kotakinabalu airport, directement sur ce tarmac chauffé par un
soleil un peu jaune, une humidité et une température qui n'a rien à envier à ce que j'appellerais un climat de salle de bain, une
voiture nous attend... C'est une "Perdana", the car.. fleuron du savoir faire et du luxe de la marque locale "Proton"..
Une voiture presque nucléaire, dépêchée par le resort qui s'occupe de tout. Quelques 50 kilomètres plus tard, nous sommes
noyés entre forêt tropicale humide et mangrove. J’entends les Monkeys dans les arbres aux alentours... et le bruissement de la
mer de Chine.
Je suis tiraillé... violemment... je suis à KLIA et je quitte mon appartement duplex avec vue sur l'ile Penang. En bas.., subsiste
encore un village local, maison aux toits de tôles rouillées, entre les cocotiers et les quelques chiens la queue haute, coursant les petites gallinacées du village .
Hier, c'était un enterrement chinois, notre voisin du bas...c'est jeté du haut du pont de Penang Bridge. Le village est en deuil.
Un hôtel à été dressé sous une simple tonnelle, son cercueil au milieu, agrémenté d'un ensemble de fleurs et de différents bouddhas.
La musique est forte, certainement des chants qui me semblent bien religieux. Des centaines de personnes se pressent autour de sa
dépouille, cercueil ouvert... entonnant des prières en Mandarin que je ne comprends pas. JE suis l'extra terrestre des alentours,
et comme me le dicte ma conscience... j'y suis allé, le voir une dernière fois pour lui dire encore une fois bon voyage
quand il me disait dans un anglais made in china... "h ow are you Ludo..." dans notre ascenseur commun.
Dans 30 minutes, je serai dans ce "triple seven" comme l e dit EEkiat, mon beau frère et commandant de bord sur Singapore Airlines.
J'aurais tant aimé que ce soit lui le maître de cérémonie ce soir pour ce vol...rentrer au pays avec EEKiat, je me serais
senti moins seul...J'ai quelques larmes..
Les hôtesses nous pressent à embarquer... elles sont toutes d'une extrême gentillesse et d'une beauté rare. Bien des fois, il m'eût
été donné de voyager avec notre compagnie Française...Jamais plus... Jamais plus...
Tiraillé à l'extrême... mal dans ma peau... je quitte mes amis et ma nouvelle vie pour retrouver Ma nénette de 5 ans.
L'avion décolle... la puissance des 2 réacteurs Roll Royce, les plus impressionnants construits est subjugante.
Ce soir... c'est... Free internet on board..., Singapore Airlines teste un nouvel équipement Wifi embarqué pour ses passagers.
Homme de technologie que je suis, je dégaine mon laptop de son fourreau et me connecte à 10000 mètres au site
"voipbuster", celui
qui me permet de rester en contact téléphonique avec chipie presque tous les jours pour la modique somme de 1 cent la minute.
Casque Bang et Olufsen verrouillé sur la tête... j'attire l'ensemble de l'équipage à mes basques. C'est charmant... quelques hôtesses
souriantes sont agenouillées devant moi...trop intéressées par cette technologie naissante qu'est la voix sur IP.J'ai papa et maman en ligne...et
ensuite frérot... qui me demande..."t'es où là?"... ben!!!... juste au dessus du golfe du Bengale..je lui
réponds...et ce...en vol...
Comme des appareils photos... les yeux cernés de Khol, quatre hôtesses habillées de leur Kabaya magnifique, sont captivées. Une d'entre
elles connait Sharm, prénom indien trop bien porté pour ceux qui la connaissent, chef de cabine sur cette même compagnie et aussi, my sister
in law, celle qui deviendra ma confidente asiatique un peu plus tard. Je me sens déjà moins seul...
Autour de moi... une bonne centaine de touristes français... de retour du voyage de leur vie. Je me sens décalé et déjà en France.
J'ai mal... je suis mal... alors je retourne "taper" la discute avec mes quelques hôtesses qui elles, savent... ont bien senti que je
faisais parti à part entière de leur monde. Nous parlons de cuisine, des shops Nasi Kandar que j'affectionne au plus haut point.
Elles me sentent... je les ressens... nous survolons L'Afghanistan et ma tête est restée suspendue à la baie vitrée de mon appartement, vue
sur ce village qui est mon quotidien... je pense à mon voisin... on l'enterre demain.
Un sentiment jamais connu, je reste très mal, l'ensemble de ma famille Asiatique m'a accompagné à l'aéroport, nous avons pleuré ensemble
quelques secondes...C'est l'extrême déchirement, le vrai.
Dans quelques heures, nous atterrirons à Charles de Gaulle, nous sommes début avril, et je retrouverai la grisaille et la noirceur du
terminal 1. J'irai vite....très vite...prendre la navette pour la gare SNCF terminal 2E.
Tiens !!! c'est bizarre... je connais cette tête là..., ben oui.. je suis bête...c'est Monsieur Jacques Laffitte himself, dans le même "zing" que moi...qui revient
de commenter le grand prix de F1 de Sepang..., juste à coté de KLIA. Je réalise comme je suis un idiot notoire... à 1 jour près.. j'y étais... à ce grand prix...et me remémore soudainement les places VIP que quelques industriels locaux m'ont proposés pour ce spectacle
que j'affectionne... je reste un homme...
Il fait froid... je n'ai plus l'habitude... je vise encore une fois mon B&o sur les oreilles et m'engouffre dans ce TGV pour la capitale
bretonne... Madonna, "Dancing on the dance floor" volume max sur mon Ipod nano... je redeviens européen..
Que cela se fasse vite... très vite... que je la prenne dans mes bras cette chipie... vite...! qu'elle me redonne la force de voir du
bleu dans cette grisaille qui m'entoure. Ma mère aura certainement préparé quelques recettes que j'aime...et je me devrais de lui faire
honneur. Bien loin sont mes Chickens tandooris et mes Nasi lamak...je vais retrouver pendant 4 semaines la vie Made in France.
Elle à grandi... elle est belle, très... elle dormira avec moi ce soir, dans mon lit. Mes plantes d'intérieur sont restées vertes, merci
Maman !!!
2 heures plus tard... je prenais mon téléphone ici dans cette maison qui semble être la mienne. Je passais 3 heures avec eux...là bas,
me certifiant et les rassurant que dans quelques dizaines de jours... je serai de retour.....